Les actualités psychomédicales et de la santé, Vol 4 

Publié le: 4 août 2008

Auteur: Jocelyn Morettini et Claude Paquette


Claude Paquette,D.Ps. et Jocelyn Morettini, M.Ps.

Qu’arrive-t-il après une atteinte cérébrale, tels un traumatisme crânien, ou un accident vasculaire ? Les fonctions cognitives telles la mémoire, l’attention, les perceptions, le raisonnement et la régulation du comportement
peuvent être atteintes. Le neuropsychologue a un rôle de premier plan auprès des personnes cérébrolésées, d’abord en procédant à une évaluation exhaustive, ensuite en établissant et en prodiguant un programme de réadaptation
cognitive (3), tout en veillant au soutien psychologique du patient.

Les tests standardisés, l’observation du discours et de la pensée, de même que des observations dans le milieu de vie permettent au neuropsychologue d’identifier les dysfonctions cognitives découlant d’une atteinte neurologique. Il convient alors d’en évaluer l’impact sur les habitudes de vie du patient afin de mieux cibler les interventions appropriées en réadaptation cognitive, lesquelles tiennent compte des besoins et des priorités du patient. Ces traitements neuropsychologiques, souvent intégrés à ceux d’une équipe multidisciplinaire, sont classiquement définis sous les vocables « stratégies internes » et « stratégies externes ». Les premières font référence aux stratégies sollicitant les facultés mentales de la personne. Par exemple, des exercices répétés et de plus en plus complexes qui entraînent les mécanismes de l’attention, ou bien l’apprentissage de mnémotechniques : lorsque la mémoire verbale est atteinte, mais que la mémoire visuelle est intacte, le patient apprend
à mémoriser l’information sous forme imagée.

Les stratégies externes reposent sur des ressources externes à l’individu, tels agenda, calepin et autre système de rappel, pour donner l’exemple des troubles de mémoire. Dans certaines  circonstances, il peut être nécessaire d’adapter l’environnement aux limitations du patient, par exemple, la relocalisation d’un bureau de travail afin de réduire les distractions chez la personne ayant des troubles d’attention récalcitrants. Le rôle du neuropsychologue est ici de faire les recommandations au patient, ainsi qu’à son entourage
(famille, ami, employeur, etc.) sur les modifications souhaitables pouvant conduire à la réduction des situations de handicap et à une plus grande participation sociale.


Malheureusement, le retour vers une même fonctionnalité n’est pas toujours complet. Si le patient atteint ses buts en reprenant ses activités habituelles, cela se fait avec des moyens différents. Les séquelles fonctionnelles amènent leur lot de deuils, et l’adaptation aux pertes sera abordée par un travail d’accompagnement dans le cadre des interventions en neuropsychologie.

Une des critiques souvent énoncées envers la réadaptation cognitive est son coût, en raison de la durée des interventions (plusieurs mois). Toutefois, à moyen et long terme, le gain d’autonomie de la personne s’accompagne d’une réduction des coûts, autant sur le plan monétaire, humain et social. Le retour au travail est un marqueur évident de rentabilité, mais pensons aussi à l’impact d’une meilleure autonomie sur la dignité du patient, de son estime de soi et de l’allègement de la charge pour les aidants naturels (4). 

À l’heure actuelle, la réadaptation cognitive n’est pas encore une pratique courante dans le réseau de la santé, pourtant, il existe des lignes directrices, issues des données factuelles, qui témoignent de son efficacité (1, 2). Nous vous invitons à être à l’affût des besoins
de votre clientèle en ce sens et de ne pas hésiter à référer à un neuropsychologue bien formé dans le domaine.  


Jocelyn Morettini, M.Ps.
Claude Paquette, D.Ps.
Affiliés à l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal